Apparemment qu’on sollicite ma présence au ciel … ou est-ce ma présence sur terre qui n’est pas désirée?

Vous connaissez l’expression « il faut souffrir pour être belle »? Ça ne s’applique pas tout à fait comme ça pour moi. Dans mon cas, c’était plutôt « il faut agoniser pour vivre ». Je m’explique.

J’avais trois jours; quelques heures s’étaient écroulées depuis mon arrivée à la maison, et j’avais déjà peine à respirer. La couleur de ma peau devenait de plus en plus verdâtre. Inquiète, ma mère téléphona mon père qui est venu me chercher à l’instant. Il m’embarqua dans sa voiture patrouille, fit hurler la sirène et mit la pédale au fond en direction vers l’hôpital. Arrivée à l’urgence on a découvert que j’avais un empoisonnement de sang et on m’a fait une sérothérapie (une injection de sérum) dans la tête. Je crois que c’était un sérum de vérité avec un effet permanent, car je n’ai jamais vraiment réussi à mentir. En tout cas, si j’étais arrivée à l’hôpital dix minutes plus tard je ne serais pas de ce monde.

Je ne me souviens de rien de ma vie entre cet épisode et la bagarre qui a causé le divorce de mes parents lorsque j’avais 8 ans, mais ce jour-là, je me suis fait tirer de tous bords tous côtés jusqu’à ce que mes bras deviennent mauves. Je me suis endormie en sanglotant de peur et de douleur.

Après la séparation, chaque fois que j’allais chez mon père, c’était un crève-cœur émotionnel. Je crois qu’il m’en voulait d’être comme ma mère, car il s’est mis à s’en prendre à moi. Le pire, c’était la violence mentale, puisque, étant mon père, je croyais chaque mot qu’il me disait : « Tu es une folle, une bonne à rien, une salope, une pute (à neuf ans?), une couleuvre, etc. ». Ce qui m’a traumatisée le plus c’est la fois où il a menacé de me tuer, puis de tuer mon frère et ma mère.

Mon adolescence n’a pas été plus joyeuse. J’avais 11 ans la première fois que j’ai pensé à me suicider … et qui sait combien de fois par la suite, jusqu’à ce que j’aie réalisé que j’étais trop lâche pour passer à l’action toute seule. Je me suis donc retrouvée, par choix, avec un homme très dangereux qui possédait un dossier criminel assez assaisonné. Je lui ai partagé mon désir de souffrir et de mourir et au lieu de me faire mal, il tomba amoureux de moi. Non, mais, ça n’allait pas! Quelle connerie! La vie ne voulait pas de moi et la mort non plus (du moins, c’est ce que je croyais à l’époque). J’avais 17 ans.

J’ai donc pris la décision de faire face à la vie et de m’outiller avec toutes les ressources que je pouvais mettre la main dessus. C’était très difficile, car, je tremblais de peur chaque fois que je sortais de la maison. Je ne parlais à personne, à moins que ce soit au travail ou en état d’ébriété. Cette dernière phrase résume bien ma vingtaine.

J’ai eu mon fils à l’âge de 29 ans; mon ange, mon guide, mon coach, mon humoriste personnel a changé ma vie pour toujours. Je le remercie de tout cœur de m’avoir sauvé la vie en me choisissant pour être sa maman. Il fut l’unique récipiendaire de mon trop-plein d’amour pendant des années.

Mon trop-plein d’amour (souvent maladroit), a tendance à me faire peur, car je suis tellement vulnérable et je ne sais pas toujours reconnaître les “preneurs/manipulateurs” de ce monde qui profitent de ce côté hyper-sensible de moi. Pourtant, je ne donne pas mon cœur facilement …

À 31 ans, j’ai suivi une formation intensive de cheminement personnel où j’ai pu confirmer mon histoire que je ne méritais pas d’être aimée. J’étais déjà très bien, mais il y avait quelque chose qui m’empêchait d’être heureuse et c’est là que j’ai découvert que je traînais une croyance très profonde depuis ma naissance : que ma vie était pénible … parce que je ne méritais pas de vivre!

Ce côté sombre de moi m’a souvent permis de disparaître, de passer inaperçue pendant des mois. Et chaque fois, c’était de plus en plus difficile de revenir à la vie. Ça n’aide pas que je suis tellement sensible à la violence, à la haine et aux tragédies, (impliquant les jeunes surtout), qu’il m’est impossible d’écouter les nouvelles sans m’effondre en larmes. Lorsque je reçois un choc émotif, une grande déception ou une trahison après avoir donné toute ma confiance; je retourne vivement et violemment dans cet état sombre qui vient avec des pensées suicidaires. Je ne passerais jamais à l’action, mais ça inquiète les gens autour de moi. Ce n’est pas de ma faute, je suis extrémiste.

Mon sage ami Belge a su alléger mon fardeau en m’expliquant que « La sensibilité n’est pas une maladie, c’est un don, mais comme tous les dons, elle possède une face noire plus difficile à gérer ». Il m’expliqua que je suis extraordinaire, sensible et fragile comme une fleur et que c’est pour cela que j’ai besoin de trouver quelqu’un qui saura prendre bien soin de moi. Mon côté fort et indépendant n’est qu’un simple mécanisme de défense que j’ai perfectionné avec les années.

Une de mes grandes amies depuis plus de dix ans dit que je suis « l’amour incarné ». C’est dommage que « l’amour incarné » a souvent un très gros prix à payer.

Je suis désolée si je vous déçois, si je suis trop … humaine. J’avais besoin de mettre à nu ce côté sombre de moi et de l’exposer au grand jour. Peut-être que maintenant il aura moins d’emprise sur moi.

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